Les communautés virtuelles au temps du confinement: success story.

“We’re all in this together”. 

Depuis bientôt deux mois, l’écho de ces mots résonne partout sur la planète. Et leur sens prend une forme de plus en plus concrète, tangible. 

De nos maisons, nos écrans comme unique fenêtre sur le monde, tous, nous observons - certains jours avec beaucoup de curiosité, d’autres avec beaucoup d’émotion - nos pensées et nos humeurs exécuter le plus grand numéro de nage synchronisée. Du jamais vu. 




Sur le même ton et surtout, en suivant le même rythme, on se serre les coudes à distance. Dans le « monde du sport », ce besoin de connecter avec notre « ensemble », avec le collectif, nous est assez familier. Dans l’effort, dans l’inconfort, dans la souffrance parfois, on se relève la tête et on se rappelle de pas lâcher, de continuer, des mots qu’on prononce aux autres souvent pour s’encourager soi-même. C’est un peu ça, la mission du sport en groupe, connecter avec son humanité pour réaliser que nos défis, nos combats, nos navigations mentales, physiques et émotionnelles, sont partagés par la majorité. 

Dans ce grand groupe qu’est l’ensemble de la planète Terre donc, on a vu - toujours de nos écrans - des sous-groupes se former. Des communautés virtuelles qui bougent, lient, cuisinent, tricotent et méditent ont vu le jour, alors que d’autres ont amplifié leur présence pour répondre à l'abrupte interruption de toute vie sociale. 

Un réflexe naturel. 

Chez l’humain, comme chez à peu près toutes les espèces, la connexion sociale est un élément fondamental à l’atteinte d’une bonne santé globale: 

Across many studies of mammals, from the smallest rodents all the way to us humans, the data suggests that we are profoundly shaped by our social environment and that we suffer greatly when our social bonds are threatened or severed.  When this happens in childhood it can lead to long-term health and educational problems.  We may not like the fact that we are wired such that our well-being depends on our connections with others, but the facts are the facts.

- Matthew Lieberman, directeur du laboratoire de neurosciences cognitives sociales au Département de psychologie, de psychiatrie et des sciences du comportement biologique de l'UCLA

À l’ère du confinement et de la solitude involontaire, les communautés virtuelles peuvent-elles pallier au caractère essentiel des relations sociales? Deviennent-elles des alliés de taille pour assurer notre équilibre? Le vrai contact humain est-il interchangeable? 

Le sens-tu jusque sur ton balcon, le doute qui nous habite?! 

Pour répondre à ces questions, on est devenu les scientifiques de notre propre expérience. 

On l’a testé. 

Sur Facebook, on a rassemblé une centaine de femmes qui avaient envie de bouger dans un groupe privé. 

Est-ce que le plaisir et la solidarité qu’on ressent à tout coup dans les parcs lors de nos sessions habituelles ont le potentiel de traverser l’écran? 

Est-ce que le pouvoir rassembleur d’une gang de filles qui rient dehors, ça se traduit avec la même force sur Internet? 

Est-ce que ça se peut, livrer de la légèreté et du jeu dans les salons en temps de crise? 

Après quatre semaines d’observations, de rendez-vous actifs et d’échanges en vidéos et en commentaires, on est prêtes à dévoiler le résultat de notre expérience. 

Oui. 

Oui, le plaisir perce l’écran. 

Oui, l’entraide et la solidarité se ressentent. 

Oui, la joie et la légèreté ont leur place. Peut-être même plus que jamais. 

Après y avoir goûté, on pense détenir une bonne recette ET une bonne nouvelle: passionnées du grand dehors et convaincues qu’il n’y ait rien comme un bon vieux high five, on est bien heureuses de rapporter que nos façons de faire se transposent du parc à l’écran, et vice versa, sans une égratignure. La recette, donc. 

Un sérieux plaisir 

S’il y a quelque chose qu’on a pris au sérieux tout au long de notre expérience, c’est notre fun. Pour y arriver, on s’est donné la permission de se faire plaisir en créant des entraînements thématiques, des listes de chansons et des séquences de mouvement qui nous mettaient franchement en joie, selon nos personnalités. 

Le plaisir, c’est contagieux. L’enthousiasme, ça se transmet. 

L’expérience des participantes est affectée par la sincérité dans l’excitation d’une entraîneure qui trouve l’énergie de continuer grâce à  sa chanson préférée. 

Et quand une expérience est positive, on a envie de la répéter. 


Une structure en réglisse: solide, mais flexible 

La période actuelle ayant déchiré tous nos plans et déconstruit nos horaires, la proposition d’une structure souple via la présentation de dix entraînements en direct, mais disponibles pour 72 heures, est devenue une opportunité de créer une séquence logique dans ses journées nouvellement nébuleuses. 

L’horaire de la session virtuelle donnait soudainement un rythme aux semaines, en plus de soutenir l’établissement d’une routine équilibrée dans l’incertitude. 

De quoi amplifier sa confiance en soi tout en veillant à sa bonne santé physique.  Win-win, comme on dit. 


Une déhiérarchisation involontaire 

Une pandémie a sa façon bien à elle de nous rappeler qu’on est tous égaux. Dans ce contexte unique, le partage personnel devient universel. Dans un esprit d’ouverture et animé de ce désir de connecter, on a fait état de nos humeurs changeantes, de nos réflexions actuelles, souvent en sueur, tout le temps dépeignées. 

Dans le confort de nos salons et à travers les imperfections qui accompagnent le direct, un sentiment de proximité s’est installé entre les entraîneures et les « élèves », qu’on préfère maintenant appeler nos amies. Après tout, ensemble, on rit, on se raconte nos vies, et on se donne le droit de se présenter tel que l’on est. Comme en amitié. 

Cette absence de hiérarchisation semble avoir contribué à la naissance de connexions virtuelles authentiques et à un sentiment d’appartenance à un groupe qui a en commun autant d’intérêts que d’états d’âme. 

Une dose d’inspiration pour une dose de réalité 

Que l’on ait le luxe de faire usage de cette période de confinement pour évoluer sur le plan personnel ou que l’on ait besoin de trouver un brin d’espoir, on a choisi de faire une place à l’inspiration dans cette session virtuelle. On a lu des passages de livres, raconté des expériences personnelles et partagé des ressources veillant à l’activation de son potentiel parce que l’inspiration éveille à de nouvelles possibilités tout en favorisant le changement de nos perceptions. Un combo bien reçu en cette période de redéfinition de ce que nous sommes et de notre monde. 


Une pause dans la pause 

Si, pour la toute première fois, on vit la même affaire en même temps, c’est donc dire… qu’on n’a pas besoin d’en discuter. 

On le sait. On le vit. C’est partout. C’est omniprésent. 

Au fil des semaines, les entraînements semblent avoir offert une occasion aux participantes de vivre le moment présent - il n’y a rien comme une bonne minute de push-ups pour s’ancrer les deux pieds dans l’« ici maintenant » - tout en s’évadant de la situation actuelle. De manière naturelle, on a parlé de la météo, de nos émissions préférées, de nos recettes, de nos lectures, et juste comme ça, l’espace d’un instant, une impression de normalité nous rendait visite. 


On l’a aimée, notre expérience. 

Si bien qu’on la répète

Au nom du jeu, du plaisir et de l’importance de pouvoir compter sur une communauté solidaire, même en solitaire. 

We’re all in this together. 


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Le rétablissement n’est pas une performance. Le jeu non plus.

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